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PITOT DE LA BEAUJARDIÈRE, Charles Thomi

Nom PITOT DE LA BEAUJARDIÈRE
Prénoms Charles Thomi
Dates 1779  -  1821
Artiste Colombet
Lieu Dépôt, Blue Penny Museum

Littérateur et Homme Politique. Fils de Robert Pitot de la Beaujardière (q.v.) et de Louise Fontenay de Lossieux. Né à l'île de France le 7 novembre 1779. Fit ses études à Paris où son frère aîné Edouard (q. v.) et lui avaient été mis en pension. Leur père, avant de mourir, les confia en tutelle à son cousin, M. de Lamennais, père du philosophe. Celui-ci grandit en la compagnie de ses cousins de l'île de France et correspondit par la suite régulièrement avec eux. Lorsqu'éclata la Révolution, Thomi Pitot et son frère, privés de ressources, durent s'employer de leur mieux, Thomi publiant des poésies et Edouard faisant des portraits. En 1793 ils furent incarcérés pour avoir voulu défendre Le Bon, le propriétaire de leur logis, accusé de conspiration, mais sur l'intervention de Barrère ils furent relaxés.

De retour à l'île de France en 1797, Thomi Pitot fonda avec son frère Edouard une maison de commerce connue sous la raison sociale C. E. et T. Pitot qui ne tarda pas à prospérer. Il consacrait ses heures de loisirs aux lettres. Il traduisit des odes anacréontiques et des élégies de Shaw, Yago et Graëme. Membre de la Société d'Emulation, il en était un des principaux animateurs. A la séance du 4 juillet 1805 de cette société, il donna lecture d'une réfutation de plusieurs assertions du voyage de Bernardin de Saint- Pierre (q.v.) à l'île de France. Cette réfutation, qui a pour titre Quelques Observations sur l'Ouvrage intitulé "Voyage à l'Ile de France par un Officier du Roi ", fut publiée à Port-Louis en 1886 par son petit-neveu C. E. Thomi Pitot de la Beaujardière (q.v.) dans un ouvrage intitulé Souvenirs Historiques de l'Ile Maurice. Thomi Pitot écrivit aussi des pièces de théâtre. II en envoya deux, Fernand Cortez et La Vestale à Etienne de Jouy avec qui il était en correspondance. Ce dernier, quoique lui ayant répondu qu'elles ne valaient pas la peine d'être imprimées, les publia plus tard sous son propre nom. Un des principaux fondateurs du Cercle Littéraire fondé le 27 mars 1806 sous Ie nom de La Table Ovale, Thomi Pitot en fut le président jusqu'à sa mort en 1821. Un de ses contemporains affirme que cette société suspendit alors ses séances pendant un an en signe de deuil et que le fauteuil du président fut dorénavant inoccupé. Lorsque Matthew Flinders (q.v.) fut emprisonné à l'île de France en 1803, Thomi Pitot intervint auprès du Gouverneur et obtint qu'il fût prisonnier sur parole. Durant tout son séjour à l'île de France, Flinders trouva chez Thomi Pitot, bourse, maison et table ouvertes.

En 1810, sous Decaen (q.v.), Thomi Pitot fit partie du Conseil Colonial. Le 20 septembre 1816, à une réunion de la Société d'Emulation, présidée à cette occasion par Ie Gouverneur Farquhar (q. v.), il donna lecture d'une notice biographique sur Flinders. A la première séance du Conseil de Commune, créé par Farquhar Ie 8 septembre 1817, il en fut nommé secrétaire. C'est lui qui rédigeait la plupart des adresses de ce Conseil, qui fut suspendu Ie 13 mars 1818 à la suite d'une lettre adressée au Gouverneur intérimaire, le General Hall (q.v.). Le Colonel Dalrymple (q.v.), qui succéda au Général Hall le 10 décembre suivant, leva cette interdiction, mais le Conseil fut définitivement dissous Ie 18 février 1819, deux jours après la réception d'une fière réponse de Thomi Pitot au nom du Conseil de Commune, à une lettre du Général Darling (q.v.), successeur du Colonel Dalrymple, dans laquelle le gouverneur attaquait l'honneur des habitants. Les colons décidèrent alors d'envoyer un député en Angleterre porter au pied du trône les réclamations et les plaintes des habitants. Leur choix unanime se porta sur Thomi Pitot, et il en était encore question lorsqu'il mourut, assez subitement, le 25 mai 1821. La population lui fit des funérailles imposantes. Le deuil fut conduit par Ie premier aide-de-camp du Gouverneur. Depuis la mort du Gouverneur Malartic (q.v.) en 1796, jamais convoi n'avait été suivi d'un cortège aussi nombreux. Thomi Pitot avait commencé une histoire de Maurice qu'il laissa à Adrien d'Epinay (q.v.) pour être continuée. Jacques Arago (q.v.), dans la relation de son voyage autour du monde parle de lui comme "le Béranger de notre hémisphère".

L. NOEL REGNARD

Bibliographie

Gazette de Maurice, 26 mai 1821.

Revue Pittoresque, 1ère année, 2me et 3me livraisons, 1842.

Notice Historique sur Charles Thomi Pitot, Port- Louis, 1885, passim.

Souvenirs Historiques de l'Ile Maurice, Port-Louis, 1886.

A. Pitot: L'Ile Maurice (1810.23) pp. 390·394.

Evenor Dupont: Notice sur Adrien d'Epinay, Maurice, 1840, p. 6.

P. d'Epinay: Souvenirs d'Adrien d'Epinay, Fontainebleau, 1901, pp. 21·22.

J. Arago: Souvenirs d'un Aveugle: Voyage autour du monde, Paris, 1822, p.75.

Source

Extrait du Dictionnaire de Biographie Mauricienne, Pages 758-759.

Avec l'aimable autorisation de la Société de l’Histoire de l’Ile Maurice.