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WIEHE, Paul Octave

Nom WIEHE
Prénoms Paul Octave
Dates 1910  -  1975
Artiste France Staub
Lieu Dépôt, Blue Penny Museum

Botaniste et gestionnaire, fils d'Adrien Wiehe et d'Antoinette Rouillard, né à Labourdonnais, Rivière du Rempart le 21 octobre 1910. Après des études secondaires au Collège Saint-Joseph, Curepipe, il passa trois années au Collège d'Agriculture, en sortit lauréat avec un Honours diploma en 1930, et une bourse qui le conduisit à l'Imperial College of Science and Technology de Londres. Sympathique et populaire, il fut un des fondateurs du Club d'équitation de son collège et président de la Société d'Histoire Naturelle de l'université. Sa première publication scientifique parut dans le Scientific Journal de cette société et concernait l'écologie de Salicornia, une plante des marais. Il obtint le B.Sc. (Hon) et le ARSC en 1935, le M. Sc. en 1945 et le D.Sc. en 1957.

Il débuta sa carrière en 1936 comme professeur de sciences au Collège Royal de Curepipe et fut phytopathologiste du département de l'agriculture de 1938 à 1948. Au cours de cette période il enseigna la botanique au Collège d'Agriculture et prit charge de la rédaction de la Revue Agricole de l’Ile Maurice à partir de 1940. Il se rendit à Rodrigues en 1938 et 1941 dans l'exercice de ses fonctions. Peu après son retour à Maurice, il entreprit avec R. E. Vaughan (q. v) l'étude de la flore indigène de l'île, publiant les résultats de leurs recherches dans le Journal of Ecology et les publications du Linnean Society of London. Les derniers vestiges de nos forêts indigènes étant menacés de destruction, Vaughan et Wiehe œuvrèrent à la création de l'Ancient Monuments and National Reserves Board mis sur pieds en 1944 (ordonnance No. 8) et des réserves furent établies. Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, Octave Wiehe devint l'un des principaux organisateurs de la campagne pour la production de denrées alimentaires à l'échelle de toute la colonie. En 1945 il se rendit en mission à la Louisiane et à Trinidad. L'herbe "condé" (Cardia curassavica) étant originaire de ce dernier pays, il étudia son écologie. La plante avait envahi les pâturages et son contrôle en culture de la canne s'avérait de plus en plus coûteux. Il revint de sa mission le 16 décembre 1945 et suite à l'introduction de parasites la peste fut éradiquée.

En 1947 il agit comme secrétaire de la Commission Economique, présidée par G. H. Gorvin, venue enquêter sur l'industrie sucrière. La tâche énorme qu'il accomplit laissa voir ses dons, autres que scientifiques. De 1948 à 1953, il occupa le poste de phytopathologiste au Nyasaland où il s'attaqua avec succès aux maladies de l'aleurite, plante de grande importance économique de ce pays et en tira cinq publications En 1951, il fut invité à se rendre en Guyane Britannique dans le but d'enquêter sur une maladie de la canne à sucre qu'il identifia comme l'échaudure des feuilles (leaf scald). En 1953 il revint au pays pour créer l'Institut de Recherches de l'Industrie Sucrière, organisme destiné à remplacer la Station de Recherches sur la Canne à Sucre, branche du Département de l'Agriculture, rendu à l'état squelettique. Cet institut prit rapidement un grand essor, avec la création de différentes branches, et devenu l'un des plus importants du monde sucrier, il accueillit en 1962 le Congrès International de Technologie Sucrière sous la présidence d'Octave Wiehe. Il reçut le C. B. E. en 1958. Au cours des 25 années pendant lesquelles il dirigea l'Institut de Recherches il accomplit de nombreuses missions à l'étranger: en France, aux Etats-Unis, en Afrique du Sud, aux Hawaii, à Porto Rico, à Taiwan, aux Philippines, au Kenya, aux West-Indies. Il fit partie du Comité de Collaboration Réunion - Maurice -Madagascar qui se réunissait tous les ans dans l'un de ces pays, et de l'Advisory Board du Collège d'Agriculture à partir de 1961.

En 1968 le gouvernement britannique (Ministry of Overseas Development) envoya Lord Morris of Grasmere, ancien vice-chancelier de l'Université de Leeds à Maurice dans le but d'enquêter et de conseiller sur le sort de l'Université de Maurice, qui stagnait depuis sa création en 1965. Il recommanda le choix d'Octave Wiehe comme vice-chancelier et le 17 octobre 1973 il écrivait au sujet de celui-ci "(he) has certainly done wonderful work at Réduit, turning what was almost a lost hope into a really well founded institution... In some ways the University shows more impressive promise than any other of the new universities overseas". Il eut l'honneur de recevoir Elizabeth Il d'Angleterre à l'Université en mars 1972. Son œuvre accomplie et son contrat terminé, il se retira de son poste le 31 janvier 1974 et décéda le 28 août 1975.

Bibliophile passionné il rassembla une belle collection d'ouvrages sur l'histoire de Maurice, dont des lithographies. Il publia une cinquantaine de mémoires dans les revues scientifiques. Amateur d'horticulture il possédait une belle collection d'orchidées et fit de nombreuses introductions de plantes parmi lesquelles il faut noter la Mantali (Terminalia mantaly), la Neige du Kilimanjaro (Euphorbia Jeucocephala), deux Heliconias (H. rostrata et H. latispata), une soixantaine de variétés d'hibiscus d'Hawaii et des orchidées. Son nom fut inscrit sur l'obélisque Liénard le 3 octobre 1979. Une avenue du Jardin des Pamplemousses et le pont qui y conduit portent son nom. De son mariage le 24 octobre 1936 avec France Laverdant, fille de Charles Laverdant et de Jeanne de St-Félix de Maurémont, il eut quatre fils. Son abord facile et agréable procédait d'une nature réservée et de sa distinction native. Il émanait de lui une calme autorité. Sa grande droiture imposait l'admiration et le respect.

PATRICK HAREL et GUY ROUILLARD

Bibliographie

Notes laissées par Octave Wiehe, comprenant son curriculum vitae.

Revue Agricole et Sucrière de l'Île Maurice.

MSIRI - Rapports annuels. 1953-1968.

Université de Maurice - Notes communiquées.

G Rouillard & J. Guého - Les plantes et leur histoire à l’Île Maurice (Port-Louis, 1999).

J. Manrakhan - The Mauritian School for Scientific Agriculture (1914-1989) (University of Mauritius, 1991).

A. Toussaint & H. Adolphe - Bibliography of Mauritius (Port-Louis, 1956).

Source

Extrait du International Journal of Avian Science (IBIS), Volume 148, Issue 3, July 2006 : 610–611.

La RSAS remercie l’auteur de nous permettre de reproduire ici cette biographie.