La Société Royale des Arts et des Sciences de l’Ile Maurice célèbrera bientôt, en 2029, ses 200 ans d’existence.
Créée en 1829 sous le nom de Société d’Histoire Naturelle de Maurice elle a, pourtant, ses origines dans le projet d’Académie, ou plutôt de Citée Académique, que rédigea Philibert Commerson en 1769. Ce projet ne put être réalisé qu’en 1801, trente-deux ans plus tard, avec la création de la Société des Sciences et des Arts de l’Isle de France lorsque l’équipe scientifique de Nicholas Baudin s’arrêta chez nous. Mais, avec le retour des savants en France trois ans plus tard la société disparut. Une nouvelle tentative fut faite en 1805 avec la création de la Société Libre d’Emulation de l’Isle de France pour disparaitre quelques années plus tard.
Le 11 août 1829, motivé par la conviction qu’une société savante pourrait avoir sur l’avancement économique et le développement du pays, un groupe de savants mauriciens, dont Charles Telfair, Julien Desjardins, Louis Bouton, Lislet Geoffroy et Wenceslas Bojer se réunirent afin de fonder la Société d’Histoire Naturelle de Maurice dont la mission principale était l’étude et la propagation des sciences naturelles, la recherche sur l’état de l’agriculture et l’horticulture ainsi que la production agricole de la colonie.
Entre 1845 et 1847 le comité agricole de la Société devait faire face à de nombreuses crises agricoles, dont la maladie blanche sur la canne à sucre qui décimait la production du sucre. C’est ainsi qu’à la recommandation et à l’initiative du comité agricole de la Société, présidé par Wenceslas Bojer, la variété de canne atteinte par cette maladie fu remplacée par une variété plus résistante à la maladie.
En 1847, ayant reçu par faveur royale de la Reine victoria le droit d’ajouter le titre ‘’Royale’’ à son nom et d’apposer la couronne à son blason la Société devint alors The Royal Society of arts and Sciences of Mauritius ou la Société Royale des arts et des Sciences de Maurice.
En 1877 LA Soci2té prit une initiative importante, pleine de conséquences. Elle fit la recommandation au Gouverneur d’alors, Sir Arthur Phayre, pour la construction de la Mauritius Institute qui serait le siège d’un muséum d’histoire naturelle au sein duquel serait primordialement exhibé la flore et la faune complète indigène du pays. Cette proposition fut agréée et la première pierre posée en 1880. En 1884 la Société Royale y prit son lieu d’hébergement avec ses collections d’histoire naturelle et sa bibliothèque, et ce jusqu’en 1985, un siècle plus tard, quand nous avons été contraints de déménager par une nouvelle loi, la Mauritius Museums Council Act, qui excluait notre présence, et celle de tout autre société telle que la nôtre, dans les lieux. Pendant les trente-cinq prochaines années la Société a été généreusement hébergée par la Mauritius Sugar Industry Research Institute (MSIRI). En 2022, toutefois, la Société Royal jugea nécessaire d’occuper ses propres locaux, qui fut fait en avril 2022, petits locaux que nous louons, mais nous permettant une autonomie dans notre fonctionnement. Notre idéal, bien sûr, serait d’avoir nos propres locaux à nous, espérons le dans un avenir pas trop lointain.
Fidèle à son nom d’origine, la Société a su maintenir un intérêt tout particulier à l’histoire naturelle de l’île, concrétisant cet intérêt dès les premiers jours par des travaux de botanique par Bojer et Louis Bouton, et de zoologie par plusieurs de nos membres. L’étude des poissons qui avait commencé avec les travaux de Philibert Commerson, furent suivis successivement par ceux de Julien Desjardins et de Nicholas Pike au 19ème siècle, aboutissant à un travail très détaillé par Jean de Boucherville Baissac au 20ème siècle, tous publiant aussi dans nos Transactions et Proceedings.
D’autre membres tel que Jean Vinson, firent de gros travaux sur les insectes et les reptiles de endémiques au pays.
Les ilots autour de Maurice passionnèrent les membres de la Société. C’est ainsi qu’en 1845 le Capitaine Lloyd donna à la Société d’Histoire Naturelle une première description de l’Île Ronde, travaux suivis par ceux de Pike et que continuèrent Sir Robert Barkley, suivi de Nicholas Pike au 19ème siècle et plus tard au 20ème siècle par Jean Vinson. Tous trois publièrent leurs découvertes dans les Transactions et Proceedings de la Société Royale.
La Société, bien qu’elle soit, malheureusement, passée, depuis les années 1985-90 environs, par des périodes de léthargie, probablement causée par une désorientation avec l’absence de locaux, a su maintenir son intérêt dominant et son cap dans l’histoire naturelle du pays. Cela a un moment difficile de notre pays dominé par de grosses crises, notamment le changement climatique et ses multiples effets, la perte critique de notre biodiversité indigène et la crise alimentaire du pays (nous importons environs 80% de nos produits alimentaires créant ainsi la dépendance au lieu de l’autosuffisance alimentaire).
Néanmoins, nous œuvrons activement, depuis quelques années, à redorer le blason de la Société Royale, tant par ses activités que par son rayonnement et son influence. Pour cela nous avons besoin de vous, jeunes scientifiques.
Toutefois, afin de nous guider, de nous inspirer et de nous encourager dans notre démarche, n’oublions pas tous ces grands savants qui nous ont fait tant l’honneur d’être parmi nos membres influents, nos présidents, nos patrons, dont je voudrais citer les suivants Cuvier, créateur de l’anatomie comparée, de la paléontologie et premier patron de la Société, Bory de St Vincent, Adrien de Jussieu, Charles Darwin et L’Islet Geoffroy.
Nous travaillons tous pour un avenir prospère pour notre Société Royale des Arts et des Sciences de Maurice. Dans cinq ans, cinq ans seulement. Nous devons pouvoir célébrer avec honneur nos 200 ans, certainement la plus ancienne société savante de Maurice.
Pierre de B. Baissac
Président
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