main

RIVIÈRE, Alexandre Joseph

Nom RIVIÈRE
Prénoms Alexandre Joseph
Dates 1859  -  1946
Artiste Sérendat de Belzin
Lieu Dépôt, Blue Penny Museum

Médecin. Né le 20 février 1859 à La Balance, Moka. Il appartenait à une famille d’origine bordelaise dont l’auteur à Maurice fut son grand-père Dominique Rivière, marié à Flacq le 15 août 1822, à Marguerite Joséphine Régnard, petite nièce de Mgr François Contenot (q.v.). Son père, Félix Jules Rivière, né à l’île Bourbon, fut administrateur des établissements sucriers Frédérica et Beau Champ. Il avait épousé à Moka le 12 avril 1858 Joséphine Marie Eliza Pugin de Roche, petite fille de l’arpenteur Nicolas Pugin (q.v.). D'abord élève du pensionnat Nicault à Curepipe, Joseph Rivière alla continuer ses études au Lycée Leconte de Lisle de Saint Denis et, après y avoir obtenu une bourse, il alla faire une année de mathématiques spéciales à Grenoble pour entrer à l'Ecole Centrale et ensuite à l'Ecole de Médecine.

Il prépara à Toulouse sa licence-ès-Iettres mais, désireux de parfaire ses études sur l'électrothérapie, il prit ses inscriptions médicales à Montpellier, puis à Paris. En 1884 il fut Docteur en médecine après avoir présenté en avril de la même année sa thèse inaugurale : Du positivisme en médecine par la fonction nerveuse: Le Nervisme. Le 2 juillet suivant Joseph Rivière rentra au pays natal où il exerça la médecine et la chirurgie pendant six ans. Il se fixa d'abord à Beau-Bassin dans l'ancienne campagne Shand, puis à Rose-Hill dans la villa de Bel Enclos, maintenant la résidence des Pères Jésuites. En 1890 il quitta l'île Maurice et alla s'établir à Paris. Poursuivant son étude biologique du Nervisme, il inventa la Physicothérapie dont plusieurs applications telles que la diathermie et l’actinothéraphie sont à l'ordre du jour de la médecine moderne. Il posa le principe de la subordination des éléments de notre organisme au système nerveux et appela ce système Névrarchie. En 1893 il fonda l'Institut Physicothérapique de Paris où il réunit plus de 400 appareils modernes et perfectionnés, presque tous de son invention. Il créa en même temps au 15, Boulevard de la Madeleine, une clinique pour soigner ses nombreux malades. A partir de 1895 il se consacra entièrement à la physicothérapie et dans son institut du 25, Rue des Mathurins, il reçut et instruisit de nombreux médecins venus de tous les pays. Il fut le premier à employer le radium pour le traitement du cancer et celui des rayons X pour les maladies malignes, et à coordonner la physicothérapie avec les principes de médecine contre les maladies chroniques. Aussitôt la découverte par d'Arsonval des vertus de la haute fréquence électrique, il appliqua, le premier, les scintillements et l'énergie de haute fréquence contre les tumeurs malignes et la tuberculose: ses expériences à ce sujet furent soumises au premier Congrès International d'Electrologie et de Radiologie (juillet 1900) et à l'Académie de Médecine (1903).

Ce fut lui qui découvrit les corrélations existant entre le monde télépathique et les phénomènes de la télégraphie sans fil, et sa théorie l'amena en mars 1907 à déterminer les causes de l'explosion du navire l'Iéna qu'il attribua à l'effet des ondes hertziennes. Cette thèse, qui révolutionna la presse scientifique de l'époque, lui valut des félicitations du Ministre de la Marine et des amiraux. En 1900 il fonda et dirigea jusqu'en 1939 Les Annales de Physicothéraphie, revue trimestrielle scientifique qui vulgarisa ses idées parmi le corps médical du monde entier. Le Dr Rivière prit aussi part aux travaux de l'Association Médicale Britannique et de la Société Radiologique de l'Amérique du Nord, et le 12 février 1925 la Lincoln Memorial University of America, dont il était déjà un membre honoraire, lui décerna le diplôme de Docteur-ès-Sciences pour ses brillantes découvertes sur le traitement du cancer. A la requête de ses confrères américains, il fit un voyage aux Etats Unis (6 septembre 1926-29 janvier 1927) au cours duquel il visita de nombreuses cliniques, présida plusieurs réunions médicales et fut nommé membre honoraire de plusieurs sociétés médicales américaines.) De retour à Paris en 1927 il écrivit ses Impressions Américaines et ses Souvenirs de l'Amérique du Nord, et par ses conférences et ses activités il contribua largement au rapprochement intellectuel des Etats-Unis et de la France. Il fonda en outre, l'Association Médicale Franco-Anglaise, la Ligue pour la défense et la protection de l'Idée, milita en faveur de la création d'un Ministère de la Santé et fut un des premiers à promouvoir le cinéma éducatif.

Mais il ne fut pas seulement un pionnier de la science. Pacifiste opiniâtre et infatigable, il fonda en janvier 1905 !'Association Médicale internationale pour aider à la suppression de la guerre. Comme Président de cette Association, il soumit à la Commission d'arbitrage de la Haye en 1907 un projet de coopération internationale ; il fit aussi des conférences à Lucerne au XIVe Congrès Universel de la Paix (septembre 1905), à Lisbonne au XVe Congrès International de Médecine (avril 1906), à Paris au Banquet de la Paix (février 1907), à Londres au XVlle Congrès Universel de la Paix (juillet 1908) et à Stockholm au XVIIIe Congrès (août 1909). Toutes ces activités lui valurent en janvier 1914 la rosette de Chevalier de la Légion d'Honneur. En avril 1924, il envoya au Concours de la Paix un travail intitulé : Comment établir la sécurité en France et en Europe et la Coopération Internationale.

Le Dr Rivière fut aussi un partisan enthousiaste du mouvement pour la rétrocession de l’île Maurice à la France qui commença après la Grande Guerre et se prolongea jusqu'en 1921. Comme porte-parole du groupe rétrocession de l'Île Maurice il essaya, mais sans succès de faire aboutir ce mouvement avec l’aide de P. Carié (q.v.), R. Galdermar, D. Edwards, H. de Rauville et E. de Rosnay et publia plusieurs brochures à ce sujet. Pendant la guerre de 1914-18 il prêta son concours pour l'organisation des services mécanothérapiques au Grand Palais dans son établissement de la Rue des Mathurins, transformé en hôpital. Et ailleurs, en février 1934 il reçut la cravate de Commandeur de la Légion d'Honneur.

Le 9 avril de la même année, à une séance du conseil municipal, le Dr Edgar Laurent offrit à la ville de Port-Louis un buste en bronze du Dr Rivière qui se trouve actuellement dans le salon du maire. Le 22 février 1939 un autre buste offert par le Dr Rivière lui-même fut dévoilé à l'Hôtel de Ville de Rose-Hill par Sir Bede Clifford, au cours d'une cérémonie organisée à l'occasion du 80èmc anniversaire du savant mauricien dont le nom fut aussi donné à des rues de Port-Louis et de Rose-Hill en 1937 et 1938. Aux dernières années de sa vie le Dr Rivière exprimait avec l’amiral Lacaze de la Réunion, le désir de revoir « une dernière fois ces terres créoles dont le souvenir nous hante ", mais la mort le surprit avant qu'il pût le réaliser. Resté célibataire pour se consacrer tout entier à son œuvre scientifique et sociale, il mourut à Paris le 22 mars 1946, âgé de 87 ans, et fut inhumé au cimetière de Boulogne.

Comme publiciste le Dr Rivière laissa une cinquantaine de travaux originaux sur la thérapeutique que ses neveux A. et R. de Mazérieux réunirent en 1934 et 1937 sous le titre : Un demi-siècle de Physiocothérapie (Tome 1-4). Il collabora également à différents journaux et revues françaises notamment Le Matin, La Revue des deux Mondes et la Revue de l'Union Médicale Latine. Il appartenait aussi à la Société des Ecrivains Mauriciens et au Cercle Littéraire de Port-Louis à titre de membre honoraire. Au Musée Médical de l'Institut Welcome à Londres on trouve la section Rivière à côté des sections Pasteur et Roux contenant les premiers appareils du savant, un résumé de ses travaux et son portrait.

H. ADOLPHE

Bibliographie

L'Essor (mai-juin 1939).

Revue Internationale(juillet 1927).

La Vie Médicale (août 1927).

Joseph Rivière par Molinery et Rafflestin-Nadaud.

Le Mauriciendes 18 mars 1914 et 23 février 1934.

Un demi-siècle de Physicothérapie.

Mauricien-Cernéen-Advancedes 25 mars, 3 et 5 avril 1946.

Archives de la Municipalité de Port-Louis et du Board de B-Bassin/R-Hill.

Source

Extrait du Dictionnaire de Biographie Mauricienne, Pages 646-649.

Avec l'aimable autorisation de la Société de l’Histoire de l’Ile Maurice.