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LIÉNARD DE LA MIVOYE, François

Nom LIÉNARD DE LA MIVOYE
Prénoms François
Dates 1782  -  1862
Artiste Sérendat de Belzin
Lieu Dépôt, Blue Penny Museum

Né le 29 juillet 1782 à "Biptipasman, Coste d'Orixa". Fils de François Liénard et de Marie Anne de Voisines. Il arriva à l'Ile de France en bas âge et fut élevé par son grand-père, alors commandant du quartier de Flacq, qui lui confiait souvent des dépêches importantes pour le gouverneur Malartic. Le souvenir qu'il conserva des bontés du gouverneur qui souvent, à ces occasions l'invitait à partager sa table et son toit, le porta plus tard à faire faire son portrait pour être placé à l'Hôtel du Gouvernement.

Engagé dans la marine, il prit part à plusieurs combats, fut fait prisonnier et subit une longue captivité à Calcutta. Il navigua plus tard pour son propre compte et commanda des vaisseaux de commerce. Pris deux fois par les Anglais qui confisquèrent ses navires, il fut finalement jeté dans les prisons pestilentielles de Pounamalé où il faillit périr des fièvres. Dirigé sur les pontons d'Angleterre, il fut délivré par la capture du vaisseau qui l'y conduisait et fut bientôt, de retour à l'île de France. Le 19 août 1807 il épousa à Port-Louis, Marie Françoise Chapon, divorcée de Mathurin Gareau, fille de Jean Chapon et de Marie Magdeleine Janvier. En 1810 il se trouvait à Madras lorsque la flotte anglaise mit sous voiles pour venir s'emparer de l'île de France. Le 18 septembre 1811 il retourna à l'île Maurice sur le cartel Camille dont il était second capitaine.

Il se fixa chez son beau-père, se livra au commerce et acquit en peu de temps un commencement de fortune. Depuis son jeune âge il s'était adonné à diverses branches de l'histoire naturelle. Ses nombreux voyages avaient augmenté ses connaissances en botanique et surtout en ichtyologie et en conchyliologie. Il fonda un premier musée que le grand incendie de 1816 détruisit en même temps que tous ses biens. Sans se décourager, il se remit à l'œuvre et après vingt-cinq années consacrées au commerce il acquit une fortune considérable. Il fonda un autre musée plus riche et plus complet que le premier.

En 1829 il fut un des fondateurs de la Société d'Histoire Naturelle de l'Ile Maurice qui devint plus tard la Société Royale des Arts et des Sciences de l'Ile Maurice. Il en fut le vice-président pendant de longues années. En 1835 il présenta les descriptions de plusieurs poissons. Il décrivit deux espèces nouvelles de Mollusques Céphalopodes. En 1836 il présenta de nouveaux poissons de l'ordre des Acanthoptérigiens, en décrivit plusieurs espèces, confirma l'existence dans les parages de l'île Maurice du Chétodom à chevrons et fit des communications sur le genre Ophidium. Il fit aussi deux descriptions du genre Squales. En 1839 il fit de nombreux travaux embrassant les mammifères, les reptiles, une monographie des Istiophores, les crustacés et les vers. Parmi les reptiles il présenta le fameux crocodile qui mit en émoi le village des Pamplemousses et qui s'était échappé de Mon Plaisir pour se réfugier dans la mare de Beau Plan.

Pendant vingt ans il présenta à la Société Météorologique, dont il était membre, des observations faites avec le plus grand soin et la plus rigoureuse exactitude. Il était aussi un amateur passionné de musique et contribua beaucoup à développer à Maurice le goût des arts d'agrément. Il fut fondateur et président de la Société Philharmonique. A un âge avancé il aIla se fixer à Paris où il reçut des marques de haute estime des membres des plus éminents de l'Académie des Sciences. Il était membre de la Société Impériale d'Acclimatation, de la Société d'Horticulture de Paris et membre correspondant de la Société d'Horticulture de Nancy et de plusieurs autres. En 1860 il réussit à faire parvenir en France le Gourami ainsi que plusieurs plantes utiles. Une médaille d'honneur lui fut offerte par le Prince Napoléon au nom de l'Empereur, en reconnaissance des services qu'il avait rendus à l'histoire naturelle en France.

Au milieu de toutes ses occupations il n'oubliait pas l'île Maurice. En 1857 il dota Port-Louis d'une élégante fontaine et en août 1859 il fit don au pays d'un monument élevé au Jardin des Pamplemousses, pour honorer la mémoire de ceux qui ont fait progresser l’agriculture à Maurice. Peu après sa mort son propre nom y fut inscrit. II légua à la Société Royale des Arts et des. Sciences une grande partie de son musée et en 1860 il lui fit don d'une collection de peintures des principaux fruits de Maurice. En 1862 un autre monument fut élevé, en grande partie à ses frais, à la mémoire de Commerson (q.v.) à La Retraite où mourut ce célèbre naturaliste. La grille qui décore l'entrée du Jardin des Pamplemousses est aussi due à la générosité de Liénard. Il mourut à Paris le 6 novembre 1862.

L. NOEL REGNARD

Bibliographie

Dr Le Juge in Trans R. S. A. S., Vol Ill, p. 54·63.

A. Pitot -L' Ile Maurice (1828-33).

Centenaire de la S. R. A. S. (1829-1929, passim.

Source

Extrait du Dictionnaire de Biographie Mauricienne, Pages 670-672.

Avec l'aimable autorisation de la Société de l’Histoire de l’Ile Maurice.